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Solidarité-Torture

23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 07:53
 .fr
La nuit, à Avignon, les SDF dorment dans la rue
KATHY HANIN
17/04/2013, 06 h 00
Le Collectif contre l'exclusion s'offusque de la fermeture des douches municipales.
Le Collectif contre l'exclusion s'offusque de la fermeture des douches municipales. (© D.R)
                        
Alors que l'accueil de nuit a fermé, le Collectif contre les inégalités et l'exclusion se bat pour la dignité des sans-abri.La misère serait-elle moins pénible au soleil ? "Bien sûr que non !", s'insurge Martine Gras, porte-parole du Collectif contre les inégalités et l'exclusion (CCIE), alors que la trêve hivernale pour les SDF vient de s'achever avec la fermeture des dix places d'accueil d'urgence de l'association Casa. "Et encore, cette année, l'accueil de nuit a été prolongé partout en France d'un mois, jusqu'au 15 avril." Cet endroit, c'est un peu le dernier recours pour tous ceux qui n'ont nulle part où aller. Et ces quelques places de moins pourraient presque sembler dérisoires si la situation des SDF à Avignon n'était pas déjà si difficile. "On compte plus d'une centaine de SDF en ville, dont un tiers est stable mais on sait qu'il y en a beaucoup plus. Cent quatre-vingts personnes touchent le RSA via une boîte postale, par exemple, explique Daniel Landau, du CCIE. Et les lieux d'accueil sont nettement insuffisants alors oui, dix places de moins c'est important." Pourtant, les conditions y sont spartiates, "pour ne pas dire indignes, explique Martine Gras. Dès 18 h, plus d'une vingtaine de personnes fait la queue dans le froid jusqu'à l'ouverture des portes, à 20 h 30, où une petite collation, même pas un repas, est servie. Et les dix qui ont la chance de rester pour la nuit doivent se contenter d'une chaise et d'une table pour appuyer leur tête entre leurs bras." Le CCIE a écrit plusieurs lettres au préfet, lui demandant une enveloppe complémentaire pour les dispositifs d'urgence, "toujours sans réponse". Mais il a accepté de pérenniser cet accueil de nuit toute l'année. "Il avait été créé pour deux ans et, depuis dix ans maintenant, c'est du provisoire qui dure. Nous voulons que ce lieu passe à vingt places, avec un endroit où l'on peut vraiment dormir allongé, un enclos pour les animaux, des sanitaires plus grands car, depuis la fermeture des douches municipales, le problème de l'hygiène se rajoute à celui du logement. Il ne reste que la fontaine de la rue de la République pour une toilette sommaire", note Martine Gras qui plaide aussi pour "une restauration sociale sept jours sur sept". D'autres associations, comme le Secours catholique ou la Croix-Rouge assurent une distribution alimentaire "mais souvent, le week-end, on voit arriver des jeunes qui n'ont rien mangé à l'accueil de nuit." Après un mois de fermeture et quelques travaux, l'accueil de nuit devrait rouvrir pour une période test de six mois. En attendant que ces dix - peut-être vingt - places rouvrent, "il n'y a que 24 lits d'urgence disponibles pour les SDF d'Avignon." Beaucoup dormiront encore dehors, dans la plus grande précarité.
KATHY HANIN

 

 

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 10:07

 

Le 115 ne répond pas à l’appel plus d’une fois sur deux, en province

57 % des personnes sans domicile demandant un hébergement en décembre n’ont pas obtenu de solution, selon un baromètre de la Fnars qui ne concerne pas Paris.

 

La protection des personnes privées de toit s’est certes renforcée mais pas à la hauteur des besoins grandissants. Voilà résumée l’alerte lancée par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), après analyse des appels au 115 dans 37 départements répartis sur le territoire. L’association, en effet, décrit une « dégradation structurelle de la situation de l’urgence sociale ».

Le dispositif est plus saturé que jamais. Le mois dernier, 8 425 mises à l’abri ont eu lieu dans le cadre du plan hivernal, soit 41 % de plus que l’an dernier sur la même période. Ces places provisoires créées pendant la période de grand froid représentent 33 % des attributions. Mais parallèlement, le volume de la demande a augmenté de 22 %, pour atteindre les 59 476 appels concernant 15 516 personnes. Autrement dit, la part des personnes qui composent le numéro d’urgence et restent sans solution augmente : 57 % des demandes ne donnent pas lieu à un hébergement, contre 51 % fin 2011.

 

Les familles, premières victimes

 

En régions, 6 400 parents avec enfants ont composé le 115 en décembre. Ces familles ont représenté 46 % du total des appelants. Seules 36 % d’entre elles ont obtenu une mise à l’abri, soit à l’hôtel (54 %), soit dans un lieu disposant de places ouvertes pour l’hiver (29 %), soit dans un centre d’hébergement à l’année (14 %). Le reste de la demande se répartit entre les hommes seuls (37 %), les femmes seules (8 %) les couples sans enfants (7 %) et les groupes d’adultes sans enfants (2 %), avec également d’importants taux de non-réponse. Les durées d’hébergement varient peu par rapport à l’an passé : plus d’un séjour sur deux (56 %) n’excède pas une seule nuit.

 

Des mises à l’abri toujours en fonction du thermomètre

 

La Fnars regrette par ailleurs que les places prévues pendant la période de froid, 19 000 en tout, n’aient pas été ouvertes partout sur le territoire, « malgré l’engagement de la ministre du logement Cécile Duflot d’une accélération du plan hiver ». Autre inquiétude de la Fnars : les remises à la rue en mars, pendant la période de redoux, alors que les locaux temporaires auront fermé leurs portes. « La circulaire qui prévoit les solutions de sortie du dispositif d’urgence a été publiée seulement la semaine dernière, et le travail de diagnostic nécessaire pour proposer aux personnes sans abri des solutions de logement adaptées n’a pas été entamé : on voit bien que le calendrier n’est pas tenable », déplore Florent Gueguen, le directeur général de la Fnars.

 

JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS

 

 

 

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 09:14
 
Site
 
2/12/12 - 16 H 25 mis à jour le 3/12/12 - 17 H 14
 
version web
 
 
Pauvreté, les associations réclament un « choc de solidarité »

En amont de la conférence nationale de lutte contre la pauvreté organisée par le gouvernement les 10 et 11 décembre prochains, les associations ont rédigé sept rapports thématiques.

 

 

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PHILIPPE HUGUEN / AFP

 

« La Croix » révèle les idées forces de ces travaux préparatoires, qui trouveront peut-être un écho dans le plan quinquennal de lutte contre l’exclusion promis pour janvier par le premier ministre.

 

Avec cet article

, l’Église et l’État doivent marcher dans le même sens »

 

C’est en quelque sorte le 61e engagement de François Hollande, ajouté en cours de campagne présidentielle et obtenu grâce à l’interpellation des candidats par le collectif Alerte, regroupant les plus grandes organisations de solidarité. Selon les chiffres les plus récents, datant de 2010, la France compte 8,6 millions de pauvres. Un triste record qui n’avait plus été atteint depuis 1975, en plein choc pétrolier. Le gouvernement prévoit un plan quinquennal pour tenter d’endiguer cette montée de l’exclusion. En préparation de la conférence nationale qui doit dégager les grandes lignes de ce programme, les associations ont planché par thèmes sur tous les déterminants de la pauvreté. « Un travail intense, avec sept ou huit rencontres pour chaque groupe »,  commente Dominique Balmary, président d’Alerte et de l’Uniopss. « Toutes les propositions ont été élaborées avec la participation d’usagers »,  souligne-t-il.1. Droits sociaux

 Le constat.  Le RMI, à sa création en 1988, était équivalent à un demi-smic. Aujourd’hui, le revenu de solidarité active (RSA), qui a remplacé l’ancien dispositif, ne représente plus que 40 % du salaire minimum. Quant au RSA « ­activité », destiné aux travailleurs pauvres, il n’est pas demandé par les deux tiers des bénéficiaires potentiels, par manque d’information, mais aussi à cause de fastidieuses démarches administratives.

 La proposition.  Une majoration du RSA de 15 % en cinq ans.  

Pendant la campagne présidentielle, les associations réclamaient une augmentation de 25 % du RSA. Compte tenu de l’état des finances publiques, elles préconisent de lisser ce rattrapage dans le temps. Le rapport « droits sociaux » demande une majoration de 15 % en cinq ans (+ 3 % par an), puis une augmentation minimale de 2 % par an. « Il devrait, à l’horizon de 2017, en coûter entre 3 et 4 milliards d’euros de plus par an »,  précise Florent ­Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). En contrepartie de ces dépenses nouvelles, la prime de Noël, qui représente 400 millions d’euros par an, serait supprimée. Concernant le RSA activité, le groupe de travail prône un accès facilité, sur le modèle de la prime pour l’emploi (PPE), que l’on obtient très simplement, en remplissant sa fiche d’impôt. Elle pourrait être versée en plusieurs fois dans l’année pour assurer des ressources régulières.2. Santé

 Le constat.  En France, un tiers des habitants retardent leurs soins par manque de moyens.

 La proposition.  Créer une super-CMU.  

Pour le moment, la CMU n’a d’universelle que le nom, puisque cette couverture maladie écarte les étrangers sans papiers et que sa version complémentaire santé, la CMUc, n’est accessible que pour les personnes gagnant moins de 630 € par mois. « Cela exclut, en tout, quatre millions de pauvres, parmi lesquels nombre de handicapés, de personnes âgées ou de bénéficiaires du RSA »,  s’indigne le docteur Jean-François Corty, de Médecins du monde.  

Le groupe de travail propose de fondre l’Aide médicale d’État réservée aux migrants en situation irrégulière dans la CMU et de rendre accessible la CMUc à toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté (moins de 950 € par mois).

3. SurendettementLe constat.  Aujourd’hui, 750 000 dossiers de surendettement restent à traiter en France, la plupart concernant des ménages incapables de faire face à leurs dépenses. Parmi eux, 20 % se sont mis à accumuler des crédits qu’ils ne peuvent plus rembourser.

 La proposition.  Créer un « registre national des crédits aux particuliers ».  

 « Nous souhaitons la création d’un fichier contenant la date et le montant de tous les crédits. Cela aurait le mérite d’établir un dialogue systématique entre le prêteur et le consommateur »,  plaide François Soulage, président du Secours catholique. Ce système d’information serait à la charge des organismes financiers. Autre grande préconisation : que les pénalités bancaires des personnes fragiles soient plafonnées et qu’elles soient appliquées seulement en fin de mois. Les titulaires du compte devront obligatoirement être prévenus dès qu’ils se trouvent dans le rouge.4. Emploi

 Le constat.  Selon le collectif Alerte, les contrats aidés, en particulier les 150 000 emplois d’avenir promis aux 16-25 ans, ne devraient pas être utilisés uniquement pour « ajuster » le taux de chômage au moment où la crise bat son plein.

 La proposition. Créer deux catégories de contrats aidés.  

 « Nous souhaitons scinder ces contrats pour deux utilisations différentes. L’une pour répondre à l’urgence de la montée du chômage. L’autre, selon un plan pluriannuel, pour mieux permettre aux ateliers ou aux chantiers d’insertion d’inscrire un travail dans la durée auprès de ceux qui sont éloignés de l’emploi »,  défend Jacqueline Saint-Yves, administratrice du Coorace, fédération d’aide aux chômeurs.

5. Hébergement et logement

 Le constat.  La France compte 150 000 sans abri et 2,9 millions de mal-logés. La précarité énergétique touche 3,4 millions de Français.

 La proposition. 40 000 toits de plus dès 2013.  

Les associations demandent un « plan 2013 » pour répondre aux situations les plus dures. « Nous demandons 20 000 places d’hébergement d’urgence, 20 000 solutions de logement en faveur des ménages prioritaires au titre du droit au logement opposable et 5 000 possibilités d’accompagnement dans l’habitat »,  précise Christophe Robert, directeur adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. Concernant la précarité énergétique, le groupe de travail recommande un doublement du « forfait charges » inclus dans l’aide personnalisée au logement (APL), qui n’a pas évolué ces dernières années.

6. Famille et enfance

 Le constat.  En France, deux millions de mineurs vivent sous le seuil de pauvreté.

 La proposition. Un enfant pauvre sur cinq en crèche d’ici à 2022.  

Les associations mesurent chaque jour à quel point l’obtention d’un mode de garde peut soulager les familles précaires. « Les effets sont très vite perceptibles : cela permet une socialisation précoce de l’enfant, alors que les inégalités se manifestent dès le plus jeune âge, et un meilleur accès à l’emploi, notamment pour les mères seules »,  explique Pierre-Yves Madignier, président du mouvement ATD Quart Monde. 

 Aujourd’hui, seuls 15 % des enfants sont en accueil collectif. Le groupe de travail propose de passer à 25 % d’ici à 2022 et de réserver 20 % des places aux « petits » vivant sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, la réglementation impose seulement qu’une place en crèche sur 20 soit réservée à un enfant démuni.

7. Gouvernance des politiques de lutte contre la pauvreté

 Le constat.  Depuis 2008, les financements publics prennent de moins en moins la forme de subventions et se matérialisent de plus en plus par des appels à projets pour répondre à des commandes précises des autorités. Les associations se sentent mises à mal dans leur capacité à innover.

 La proposition. Créer un « droit à l’initiative sociale ».  

Aux yeux d’Alerte, ce droit serait une reconnaissance encourageant les entraides citoyennes, comme les réseaux informels de voisinage, mais il permettrait aussi de libérer de nouvelles formes de solidarité. Cette mesure établirait en outre une limite claire entre certains projets sociaux, comme les jardins collectifs, les garages solidaires ou encore les initiatives de restauration collective, et les services marchands, qui n’ont pourtant pas les mêmes finalités.

  « De nombreux projets ne voient pas le jour aujourd’hui, parce qu’ils nécessitent une activité qui pourrait être considérée comme du travail au noir ou parce que les normes imposées pour les réaliser sont totalement dissuasives »,  explique Évelyne Guerraz, administratrice de la Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement (Fapil). 

 

JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS  
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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 13:48

La misère persiste en France le 16 octobre 2012

Deux millions de personnes vivent aujourd’hui en France avec au maximum 645 euros par mois pour une personne seule, 690 000 n’ont pas de domicile personnel, 3,5 millions recourent à l’aide alimentaire...
Le seuil de pauvreté le plus souvent utilisé - qui équivaut à 60 % du niveau de vie médian (la moitié gagne davantage, l’autre moins) - donne une vision très large du phénomène. On compterait sur cette base 8,6 millions de pauvres en France en 2010, ce qui englobe des populations démunies et des familles modestes. Cette définition masque au fond la persistance d’une pauvreté profonde. Dans l’un des pays les plus riches au monde, des dizaines de milliers de personnes vivent dans la misère, dans des conditions de vie parfois peu éloignées de celles des pays en développement.
Les données de la misère en France
Deux millions de personnes vivent avec l’équivalent de 645 euros par mois pour une personne ou 960 euros pour deux, après prestations sociales, selon l’Insee (données 2009). Ces chiffres correspondent au seuil de pauvreté à 40 % du niveau de vie médian. Pour ces personnes, il est quasiment impossible de se loger sans compter sur l’aide d’autrui, parents ou amis.
3,6 millions de personnes sont allocataires de minimas sociaux, dont 1,4 million perçoivent le RSA socle, selon la Caisse nationale des affaires familiales (données 2011) [1]. Si l’on comptabilise les ayants droits (conjoints, enfants…), ce sont plus de six millions de personnes qui vivent de ce dispositif. Le RSA vaut 472 euros pour une personne et 418 euros en tenant compte de l’aide au logement. Il est de 712 euros pour un couple (600 euros avec l’aide au logement).
3,6 millions de personnes sont mal-logées selon la Fondation Abbé Pierre [2], parmi lesquelles 685 116 sont privés de domicile personnel, dont la majorité, 411 000 sont hébergés chez un tiers. On estime à 113 000 le nombre de sans domicile fixe, auxquels on peut ajouter 85 000 personnes occupant un habitat de fortune. 2,8 millions de personnes vivent dans des conditions de logement très difficiles, insalubres ou surpeuplés.
1,8 million de personnes indiquent ne pas avoir pris de repas complet au moins une journée au cours des deux dernières semaines, selon l’Insee (données 2006).
3,5 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire (sous la forme de colis, bons, repas…) dont 1,3 million en bénéficient par le Secours populaire français, selon le Conseil National de l’Alimentation (données 2010) [3] .
Quels enseignements ?
Des millions de Français vivent dans des conditions indignes. Et encore, nos données ne tiennent pas compte des conséquences de la détérioration récente de l’emploi. De ces données, il ressort qu’environ deux millions de personnes doivent se contenter d’un revenu qui atteint au mieux 600 euros (20 euros par jour), insuffisant pour se loger. Ce revenu permet de survivre, d’acheter de la nourriture et des vêtements, sous la dépendance d’une institution, d’amis ou de la famille. Il ne donne en aucun cas accès à la société de consommation à laquelle la grande majorité accède. Les enfants qui vivent dans ces familles sont très loin d’avoir accès aux mêmes univers que les autres.
Parmi ces deux millions, il est difficile de chiffrer avec précision la population qui vit dans une misère profonde, en particulier dans des conditions très dégradées de logement. Mais comme le note Christophe Robert [4] de la Fondation Abbé Pierre : « au moins 200 000 personnes vivent dans des conditions misérables en France, dans des caves, des parkings, ou des campings » (lire l’entretien sur notre site).
Une situation d’autant plus insupportable que cette misère s’intègre dans une société où les niveaux de vie sont très élevés en moyenne, que les conditions de logement se sont améliorées au cours des dernières décennies et que l’accès à la consommation s’est largement diffusé.
Pour aller plus loin : lire ici notre entretien avec Marie-Aleth Grard, Vice-présidente d’ATD Quart-Monde
  La France compte deux millions de personnes vivant avec moins de 645 euros par mois, 3,6 millions de mal-logés et 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire. La misère persiste en France.
La grande pauvreté en France
 
Nombre de personnes vivant sous le seuil à 40 % du revenu médian en 2009 selon l'Insee  2 millions
Nombre de mal logés en France en 2012 selon la Fondation Abbé Pierre 3,6 millions
- dont sans domicile personnel 685 000
- dont sans domicile fixe 113 000
Nombre de français indiquant ne pas avoir pris de repas complet au moins une journée au cours des deux dernières semaines en 2006, selon l’Insee 1,827 million
Nombre de français ayant recours à l’aide alimentaire en 2010, selon le Conseil National de l’Alimentation, dont les aides délivrées par : 3,5 millions
- la Fédération française des banques alimentaires 740 000
- les Restos du Cœur 819 000
- la Croix-Rouge française 45 863
- le Secours Populaire Français 1,3 million
Nombre d’allocataires de minimas sociaux en 2011 selon la CNAF 3,6 millions
- dont RSA socle 1,4 million
Source : Insee, Fondation Abbé Pierre, Cnaf, Conseil National de l'Alimentation (CNA)
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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 09:49

 

Cette semaine pendant trois jours, se réunissent à Paris des représentants des principales organisations européennes du réseau Caritas, auquel adhèrent pour la France le secours catholique, pour parler de la pauvreté des enfants en France et en Eu

 

Sur le territoire de l'Union Européenne ce sont, en 2012,19 millions d'enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté soit, en moyenne dans chaque pays près de 10% des enfants. Mais quand on regarde l'Europe du Sud-Est c'est-à-dire les anciens pays de l'Union Soviétique se sont 25 % des enfants qui vivent dans la pauvreté et cela doit préoccuper l'ensemble des européens.

 

La lutte contre la pauvreté des enfants n'est pas une politique importante aux yeux des différents pouvoirs publics. Pourtant les politiques à mettre en œuvre sont complexes, il n'y a pas que le fait qu'ils souffrent de la faim mais aussi le fait qu’ils n'ont pas de livres appropriés à leur âge, qu’ils n'ont pas d'activités de loisirs à l'extérieur de chez eux ou qu’ils ne puissent pas recevoir des amis,. Bref, il faut qu'ils puissent avoir une vie sociale grâce à laquelle ils pourront entrer de plein pied dans leur vie d'adulte. Pour le Secours Catholique et pour tout le réseau Caritas quand on parle de pauvreté des enfants, il faut aborder quatre domaines essentiels, et c’est ce que je viens de dire, hier, au Ministre de la jeunesse. Il s'agit de l'accès à l'éducation, de la justice adaptée aux mineurs, de la lutte contre la traite des enfants et, enfin, de la prise en compte de la migration comme facteur aggravant et déclencheur de pauvreté. Je voudrais y ajouter la solidarité intergénérationnelle qui donne les moyens les plus efficaces de lutte contre la pauvreté des enfants mais qui est, trop souvent, oubliée.

 

Au cours de cette rencontre le réseau Caritas et donc le Secours Catholique demande à ce que chaque famille puisse bénéficier d'un revenu minimum adapté au nombre d'enfants dans la famille et qu’il soit significativement supérieur au seuil de pauvreté. Il attire également l'attention sur certains groupes d'enfants plus particulièrement exposés à la pauvreté : les enfants handicapés, ceux issus de minorités, ou de famille mono parentale. Il est utile de rappeler ces propositions alors que se prépare la future conférence nationale de lutte contre la pauvreté au sein de laquelle il existe actuellement un groupe de travail particulier sur enfance et famille dans lequel siège le Secours Catholique

Intervention, sur RCF, le 20 novembre 2012

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 07:30
 
Le Samu social lance une campagne contre la fermeture d’un centre pour femmes
L’unique centre d’hébergement d’urgence (CHU) pour femmes du Samu social en Île-de-France doit fermer ses portes le 31 mai prochain.
Capture d’écran du site Cauchemardefemme.fr
 

Capture d’écran du site Cauchemardefemme.fr

Capture d’écran du site Cauchemardefemme.fr

Pour convaincre l’État d’ouvrir un nouvel établissement, l’organisme lance une campagne de sensibilisation sur Internet.
Avec cet article
C’est une vidéo faite pour choquer. Les images du spot de la campagne lancée sur Internet par le Samu social pour dénoncer la fermeture de son dernier centre d’hébergement d’urgence (CHU) francilien pour femmes se veulent réalistes : on y voit une jeune femme sans-abri se faire violemment agresser par deux hommes éméchés et chercher refuge dans un centre dont les portes restent désespérément closes. 
Le message est clair : « Le 31 mai, si le Centre d’hébergement d’urgence ferme ses portes, ces femmes dormiront dehors.  » L’internaute a alors la possibilité d’intervenir dans le scénario en signant une pétition en ligne qui ouvrira les portes du centre à la jeune femme en détresse et la délivrera de ses agresseurs.

Interpeller l’opinion publique sur la vulnérabilité des femmes sans domicile fixe 

Intitulée «  cauchemar de femmes », cette campagne a été réalisée bénévolement par le cinéaste Frédéric Schoendoerffer avec le soutien de l’agence Publicis, impliquée de longue date en faveur du Samu social. Son objectif : interpeller l’opinion publique sur la vulnérabilité des femmes sans domicile fixe et convaincre l’État, la mairie de Paris et l’assistance publique d’intervenir pour relocaliser le CHU francilien. 
Hébergé dans l’ancien hôpital Jean-Rostand d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), ce centre, qui peut accueillir 52 femmes en difficulté, avait été mis en service temporairement pendant la période hivernale après la fermeture pour insalubrité du centre Yves-Garrel, en juillet dernier. À la fin de l’hiver, son ouverture a été prolongée pendant deux mois, jusqu’à fin mai, date à laquelle l’établissement sera cédé par la collectivité.
« Ce qu’on demande, ce ne sont pas des fonds mais un nouveau lieu d’hébergement , explique Éric Molinié, président du Samu social de Paris, qui a organisé au total plus de 16 000 hébergements d’urgence pour femmes en 2011. Il y a un grand déficit de places en CHU pour la population très exclue et très désocialisée que forment la plupart de ces femmes, qui sont sans-papiers ou qui ont fui leurs foyers car elles étaient battues par leur mari  ». 

« Quelle que soit la saison, les femmes isolées sont exposées aux agressions »

Un constat partagé par Matthieu Angotti, président de la Fédération nationale des associations d’accueil et réinsertion sociale (FNARS) : « Comme les sans-abri sont très majoritairement des hommes, il existe au final beaucoup moins de structures qui apportent des réponses aux besoins spécifiques des femmes ».
Une situation qui s’aggrave nettement à la fin de l’hiver, où de nombreux centres ferment, obligeant ces femmes à vivre de nouveau dehors. « La plupart des gens pensent qu’avec le retour des beaux jours, les CHU sont moins nécessaires. Or dehors, quelle que soit la saison, les femmes isolées sont exposées aux agressions  », poursuit Éric Molinié. Selon l’Insee, les femmes représentent 17 % de la population SDF en France, mais 70 % des sans-abri âgés de 16 à 18 ans. 
Outre qu’ils peuvent répondre à des besoins spécifiques (suivi des femmes enceintes, contraception…), les centres pour femmes permettent également de les protéger des actes malveillants qu’elles peuvent subir au sein des établissements d’accueil mixtes. Si Matthieu Angotti juge la mixité souhaitable dans les centres pourvus de chambres individuelles, il rappelle que des structures spécifiques sont nécessaires notamment « pour des femmes qui ont été victimes de violences conjugales ».

 

CATHERINE MONIN

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 08:20

LEMONDE | 30.03.11 | 13h55  •  Mis à jour le 31.03.11 | 12h40

Un bouclier social pour les sans-abri

 

Jeudi 31 mars, l'hiver est considéré comme terminé. Les sans-abri peuvent retourner à la rue !

Dès le 1er avril à Paris, 600 personnes actuellement hébergées dans le cadre du plan hiver seront mises dehors. D'autres centres fermeront dans les jours suivants, et on atteindra plus de 1 000 personnes rendues à l'errance à Paris. Dans le Val-de-Marne, ils seront plus de 800 dans la même situation et près de 1 000 en Seine-Saint-Denis. Au total, ce seront près de 3 000 personnes qui n'auront plus de lieu couvert où dormir dans les prochains jours dans l'agglomération parisienne. C'est un drame. Et nous sommes tous concernés.

Ce n'est pas le froid qui tue les sans-abri. Le Collectif Les Morts de la rue, qui recense chaque année le nombre et l'âge des sans-abri qui meurent en France, le montre bien : on disparaît tout autant l'été que l'hiver, au printemps qu'en automne.

C'est l'usure qui tue ! Usure due à l'incertitude permanente : où vais-je m'installer, cet endroit est-il sûr, est-ce que je risque d'être attaqué, comment vais-je manger demain, tout à l'heure, y aura-t-il une association qui me donnera un repas, devrai-je le trouver dans une poubelle, comment réussir à réunir les documents qu'il me faut alors que je n'ai plus de papiers d'identité depuis longtemps ?... Usure de devoir une fois encore expliquer avec de pauvres mots pourquoi on ne trouve pas de travail dans un pays où tant de gens qualifiés et bien intégrés ont du mal à retrouver un emploi. Usure liée à la solitude et aux ruptures affectives en tous sens, avec la tentation des addictions... L'hébergement n'est pas une garantie de réinsertion, mais c'est un premier pas. Imaginez cette quête incessante pour réaliser les opérations les plus simples de la vie : se laver, dormir, manger, aller aux toilettes...

En dehors même du plan hivernal, rien que ces huit derniers mois, l'Association Emmaüs a été contrainte, faute de financements, de fermer trois centres d'hébergement "pérennes" et de remettre dans la rue plus de 150 personnes. Nous retrouvons donc dans les rues les personnes que nous hébergions dans nos centres et que nous ne pouvons plus abriter. Dans quelques jours, nous aurons sous les yeux la misère la plus crue que nous aurons refusé de secourir. Nous ne pouvons pas accepter cette solidarité réduite au plan hiver.

Au même moment vient d'être votée une loi qui oblige les personnes sans papiers à payer 30 euros pour bénéficier de l'aide médicale d'Etat. Or, même si cette somme est pour beaucoup de gens acceptable, nous savons qu'un certain nombre de personnes sans papiers ne pourront pas la payer. Un rapport de l'administration démontre que c'est une fausse bonne idée, les personnes qui ne se soigneront pas verront leur santé se dégrader et elles seront prises en charge un jour dans un état sanitaire très dégradé qui occasionnera des dépenses bien plus importantes. Nous propose-t-on de les laisser mourir sans être soignées, pour faire des économies ?

On nous annonce également que le budget des associations qui hébergent les sans-abri est réduit de 3 % environ en 2011 et que la même réduction s'appliquera les années suivantes. Nous ne pourrons pas, dans ces conditions, maintenir le nombre de places actuel. Ce n'est plus seulement la sortie du plan hiver qui est en cause, c'est le coeur de notre mission permanente. On peut nous demander de faire des économies, c'est notre rôle d'améliorer notre service aux personnes accueillies et hébergées au meilleur coût pour la collectivité. On ne peut pas nous demander de diminuer nos ressources tout en augmentant en permanence le niveau d'exigence de l'Etat.

Au nom du "logement d'abord", on nous dit qu'il ne faut plus augmenter le nombre de places d'hébergement. Mais en région parisienne, quand prévoit-on un nombre de logements sociaux suffisant pour accueillir les 30 % de personnes hébergées prêtes à entrer dans un logement HLM ? Et dans l'attente de cette date hypothétique, comment fait-on pour abriter les personnes dépourvues de toit ?

Au nom des difficultés budgétaires, on nous dit que la réduction du budget social est inévitable. Nous demandons que la réforme fiscale en préparation se construise sur des objectifs de justice sociale et de redistribution assurant à toute personne la possibilité de vivre sur notre territoire dans la dignité. En particulier, nous demandons que soit supprimé tout avantage fiscal au logement locatif privé sans contrepartie sociale et, plus généralement, toute aide à l'accession à la propriété sans plafond de ressources, afin que les moyens ainsi dégagés soient reconvertis vers le logement social, l'hébergement et l'action en direction des plus défavorisés.

L'Association Emmaüs demande instamment à l'Etat de respecter la loi française et les directives européennes, c'est-à-dire d'assurer les besoins élémentaires (toit, nourriture, santé...) de toute personne vivant sur son territoire, quelle que soit sa situation administrative. L'Etat est en faute lorsqu'il contraint les associations à remettre les personnes à la rue sans solution. Il ne respecte pas la loi de mars 2009 qui pose le droit des personnes accueillies dans un centre d'hébergement d'urgence de s'y maintenir tant qu'une autre solution d'hébergement ne leur a pas été proposée, il ne respecte pas la loi DALO qui instaure un droit au logement opposable.

Emmaüs demande instamment à l'Etat de garantir aux associations, sur la base de l'année 2010 et pour plusieurs années, des budgets de fonctionnement et de modernisation qui leur permettent de s'adapter aux exigences nouvelles de l'administration, aux changements de leurs missions et à l'évolution de leurs publics.

Depuis plusieurs mois, en son nom ou au sein du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement, qui regroupe trente et une associations, Emmaüs en appelle au président de la République, qui s'était engagé en 2007 à ce qu'il n'y ait plus personne à la rue. Après avoir voté un "droit au logement opposable", voter un "bouclier social pour les sans-abri".

 

 

Nicolas Clément et Claude Chaudières, respectivement directeur général et vice-président d'Emmaüs Article paru dans l'édition du 31.03.11
 

 

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 07:41
Combattre enfin le mal-logement
Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre
Alternatives Economiques n° 298 - janvier 2011

 

La question du logement est au coeur des préoccupations d'un nombre croissant de ménages, qu'ils soient mal logés (3,5 millions de personnes), en situation de fragilité par rapport au logement (plus de 6,5 millions) ou inquiets pour leurs proches. Et pour cause: il manque 900 000 logements en France, les prix de l'immobilier ont doublé en dix ans et les loyers ont augmenté de 50% pendant la même période! Une évolution qui creuse les inégalités: le taux d'effort des plus riches pour se loger n'a pas augmenté entre 1992 et 2006, alors que celui des plus modestes a explosé, pour passer de 32% à 48%.

 

Rigueur

 

Face à cela, au lieu de la réponse énergique attendue, le Parlement a voté dans le budget 2011 une nouvelle baisse des aides personnalisées au logement (APL) et des aides pour le logement social. Les plus fragiles ne peuvent pourtant pas faire les frais de la rigueur, qui plus est lorsqu'elle est à deux vitesses: le gouvernement vient de supprimer les plafonds de ressources du prêt à taux zéro en l'ouvrant ainsi aux hauts revenus, pour un coût estimé à 400 millions d'euros.

 

Carence

 

La crise du logement représente une faillite par carence des pouvoirs publics. Laisser faire le marché puis se plaindre de la flambée des prix est cynique, car l'intervention ne devient alors possible qu'au prix d'un investissement coûteux, vite invoqué pour justifier l'immobilisme. Les seules lois du marché ne permettent pas de loger convenablement l'ensemble des ménages. Il n'en a jamais été ainsi: seule une intervention massive et soutenue de la collectivité permettra de réduire les exclusions par le logement. C'est précisément ce que demande aujourd'hui avec force et insistance la Fondation Abbé Pierre.

Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre
Alternatives Economiques n° 298 - janvier 2011
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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:47
Site internet LaVie  publié le 02/12/2010
Social

Hébergement d’urgence : des étrangers indésirables?

Le gouvernement rappelle l’obligation d’accueil inconditionnel des SDF dans les centres. Mais des dérapages dénotent un climat de chasse aux sans-papiers.

© DR

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"Quand il y a un risque de passer la nuit dehors lors d’une période de grand froid, on ne se pose pas la question de savoir si la personne est française ou non, si elle a des papiers ou non." Ce 29 novembre, le secrétaire d’État
au Logement, Benoist Apparu, s’est engagé à envoyer "en fin de semaine" à tous les préfets une circulaire réaffirmant le principe de l’accueil inconditionnel dans les centres d’hébergement d’urgence. Un principe qui figure d’ailleurs dans la loi du 25 mars 2009.

Alors, pourquoi ce nouveau rappel à l’ordre ? Le 29 novembre, Libération publie des documents montrant que certaines administrations donnent consigne de ne plus héberger d’étrangers en situation irrégulière. Dans le Calvados, la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) enjoint les centres d’hébergement d’urgence (CHU), les centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) et le 115 de ne plus prendre en charge les déboutés du droit d’asile. Dans le Haut-Rhin, le préfet indique que "la nécessité d’assurer une fluidité au dispositif impose de prioriser le public de “droit commun”" (c’est-à-dire les Français et étrangers en situation régulière) en cas de saturation. Dans l’Yonne, le préfet demande de refuser à une famille en situation irrégulière la restitution de son appartement même si "la mesure de reconduite à la frontière est annulée par le juge"…

"Voilà plusieurs semaines que nous tirons la sonnette d’alarme", affirme à La Vie Nicole Maestracci, présidente de la Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale), dont les 850 structures gèrent environ 95 % des 113 000 places d’hébergement en France. Du reste, les départements évoqués par Libération ne sont pas seuls en cause. Ainsi, dans le Nord, la DDCS demande aux directeurs des centres d’envoyer "le 5 de chaque mois un état de situation" avec le nom et la nationalité de tous les occupants. Saisie par 23 associations, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a indiqué que de telles données nominatives ne sauraient "faire l’objet d’une transmission".

Autant de pratiques disparates qui semblent indiquer qu’aucun ordre précis n’a été donné aux préfets, comme l’a plaidé Benoist Apparu sur RTL. Mais qui attestent aussi d’un même état d’esprit pour traiter les sans-papiers en variables d’ajustement de l’hébergement d’urgence. "Cela fait longtemps que les centres reçoivent des consignes orales en ce sens, poursuit Nicole Maestracci. Ce qui est nouveau, c’est d’avoir des consignes écrites." Si elle se réjouit que Benoist Apparu rappelle les préfets à l’ordre, la présidente de la Fnars juge le mal plus profond.

Premier problème, la pénurie de places dans certains départements. En 2008, Benoist Apparu avait promis une "refondation" du dispositif national d’hébergement. Sur le terrain, faute de financements, la réalité ne suit pas. À Tours, le département est en état de pénurie chronique depuis la fermeture, en 2009, de 240 places gérées par l’Aftam. Et, en avril dernier, la DDCS a annoncé qu’elle ne financerait plus l’hébergement à l’hôtel d’une dizaine de familles étrangères. "Chaque soir, nous appelons le 115 pour savoir où elles vont passer la nuit, raconte Rose-Marie Merceron, de l’association Chrétiens-Migrants. Hier, j’ai encore donné 160 € pour que certains aillent à l’hôtel !" Avec le Réseau Éducation sans frontières (RESF) et la Ligue des droits de l’homme (LDH), Chrétiens-Migrants a déposé une vingtaine de référés devant le juge administratif. En vain dans le cas de migrants sans titre de séjour, avec succès pour les demandeurs d’asile. "Depuis, dès que nous déposons un référé, la préfecture leur trouve un logement. Mais, souvent, ce n’est pas pérenne", explique l’avocate des trois associations, Catherine Lison-Croze. "Cela dit, nuance Nicole Maestracci, il y a des départements qui n’ont pas de problèmes de places. Mais je ne jette pas la pierre aux fonctionnaires, soumis à des injonctions contradictoires."

Au moment où ces dérapages étaient rendus publics, les sénateurs devaient voter un texte conditionnant l’accès à l’aide médicale de l’État (Ame) à un droit d’entrée annuel de 30 €. Une même logique : "rendre plus difficile la vie des sans-papiers, sur l’hébergement comme sur les soins, dénonce Nicole Maestracci. Les préfets sont plus jugés sur leur capacité à réaliser les objectifs chiffrés de reconduite à la frontière que sur leurs résultats en matière d’hébergement. C’est tout un climat général."

En 2007, lors du vote de la loi durcissant les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France, le député Thierry Mariani (secrétaire d’État aux Transports) avait déposé un amendement restreignant l’accès des sans-papiers aux centres d’hébergement. La mobilisation des associations et l’opposition de Martin Hirsch en avaient eu raison au Sénat. Et le chef de l’État, quelques jours plus tard, avait asséné : "L’accueil doit être inconditionnel. Quand quelqu’un est à la rue, qu’il est dans une situation d’urgence et de détresse, on ne va tout de même pas lui demander ses papiers !" Cette année-là, Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, avait pourtant émis un "avis favorable" à l’amendement Mariani. Cette semaine, il n’a pas souhaité s’exprimer sur les dérives préfectorales. Simple hasard ?

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 06:41

21/10/2010 19:30

Les associations interpellent l’Etat sur l’hébergement d’urgence


Un collectif estime que le gouvernement se désintéresse de la cause des sans-abri et des mal logés

La température chute et l’urgence monte. À quelques jours de la trêve hivernale sur les expulsions locatives, qui débute le 1er novembre, le « collectif des associations unies », qui regroupe 31 organisations, a lancé jeudi 21 actobre une alerte sur la situation des personnes sans-abri ou mal logées, tout en renvoyant le gouvernement à ses responsabilités.

Le premier ministre, en janvier 2008, avait en effet promis un grand chantier prioritaire pour la période 2008-2012, considérant que « plus personne ne doit être contraint de vivre dans la rue ». À l’époque, l’ensemble des associations avaient collaboré avec les autorités publiques pour aboutir à une « refondation » du dispositif d’hébergement et d’accès au logement.

Le collectif déplore un décalage entre les ambitions initiales et la réalité. Aujourd’hui, l’application du droit au logement opposable (Dalo) reste impossible faute de logements en Île-de-France, en Rhône-Alpes, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Nord-Pas-de-Calais.

« Nous nous sommes fait rouler dans la farine, s’emporte Christophe Robert, directeur des études à la fondation Abbé-Pierre. Une longue liste de remontées de terrain nous laisse penser que nous allons dans le mur. Cinq accueils de jour ont été supprimés en Auvergne faute de moyens. Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) du Var et plus généralement le 115 (numéro d’appel pour l’hébergement d’urgence) prennent de plein fouet les coupes budgétaires. »

Un état des lieux inquiétant

Matthieu Angotti, directeur général adjoint de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), se scandalise particulièrement de la fragilité financière des « équipes mobiles » au contact des sans domicile fixe. « C’est grâce à elles que nous pouvons repérer les pires situations pour ceux qui sont à la rue, souligne-t-il. En les affaiblissant, le gouvernement semble se mettre un bandeau sur les yeux pour ne plus voir ce qui se passe réellement. »

Cet état des lieux inquiétant ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir. Le projet de loi de finances pour 2011 présente un recul de 2 % du budget de l’hébergement d’urgence par rapport à 2010, une chute de 47 % des moyens alloués à la veille sociale des équipes mobiles, et une diminution de 34 % des crédits de soutien aux fédérations engagées sur le logement.

Le collectif des associations unies s’alarme également d’assister à ce qu’il considère comme le démantèlement des politiques de l’État en faveur du logement social : 340 millions d’euros seront ponctionnés sur le secteur HLM, soit l’équivalent de 20 000 logements sociaux financés par an.

Un contexte législatif « moralement inacceptable »

En outre, la rétroactivité des Aides personnalisées au logement (APL), qui permettait aux bénéficiaires de toucher après coup les versements à compter de leur changement d’adresse, sera supprimée en 2011, pour une économie de 240 millions. « Il faut s’attendre à une précarisation importante des foyers les plus démunis, pour qui le loyer représente déjà 50 à 60 % de leurs revenus », explique Christophe Robert.

Enfin, les militants du logement pour tous englobent dans leur colère un contexte législatif qu’ils estiment « moralement inacceptable ». En ligne de mire, le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2).

Un amendement du gouvernement pourrait permettre d’expulser, sous 48 heures, et sans passer par le juge, toutes les personnes en situation de détresse dans les bidonvilles ou les habitations de fortune. Engagées avec l’État à repenser la politique d’hébergement en France, les associations qui travaillent sur le logement se désolidarisent maintenant de sa mise en œuvre, qu’elles considèrent vouée à l’échec.
Jean-Baptiste FRANÇOIS

Site La-Croix.com

 

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